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18 septembre 2006

Sambi à Paris : Réhabilitation des notables et évincement des cadres

Après cinq mois de son élection, Sambi s’est rendu à Paris pour remercier la diaspora comorienne dont la plupart se sont ralliés à sa cause.

Plus de milliers de Comoriens se sont déplacés pour aller écouter religieusement leur président à l’allure charismatique. Dès 14 h, la salle était déjà pleine. Sur la tribune, on a remarqué la présence de Mohamed Ahmed Chamanga,  ex-candidat malheureux des élections présidentielles de 2006 soutenu par la grande majorité des intellectuels comoriens de la région parisienne et marseillaise, puis du président du comité Madjilis  et entre autres de

la Lamartine

et de Mtara Maécha. Ces deux derniers ont travaillé avec Azali Assoumani. Dans la salle, des femmes, une petite minorité, étaient présentes, des cadres, des hommes politiques également mais  on pouvait constater l’écrasante présence des hommes de robe dorée et de turban, ceux qu’on appelle  ordinairement, les « notables ».

Cette présence extraordinaire des notables était bien méritée. C’était pour eux un rendez-vous  à ne surtout pas manquer. Et ils avaient beau à y  participer. Ils étaient sortis réhabilités, presque adoubés. Très remarquablement !

Sept ans mis à l’écart par le colonel Azali, les voici tour à tour voir leur influence dans la politique reprendre sa couleur, regagner les « premières » places dans la politique.

Le 16 septembre, l’ambiance avait une allure de Machoulou avec une  petite touche de Madjilis, le caractère politique à la forme canonisée, institutionnalisée était visible, certainement, mais la forme coutumière y était pour beaucoup dominante. Et les raisons sont diverses. Alors qu’un jeune notable appelle les « jeunes », entendons, les cadres, les jeunes étudiants, les intellectuels ou tout simplement les hommes politiques à céder la place aux vieux, entendons «  les hommes de robes dorées », dont la force du vêtement symbolise « la compétence » mais les sifflements n’ont pas tardé : « On n’est pas dans un cadre de Milanantsi », rétorquent certains cadres qui se sont assis, par culot, au deuxième rang. Le premier rang, comme à la mosquée du vendredi, était bel et bien réservé aux grands notables.

Au fond, l’accueil était assuré  par ces notables, ce qui explique un peu  l’évincement, ou l’effacement au point de vue pratique des cadres et des professionnels politiques dans cette réunion politique, l’un des rites d’institution proprement politique  au cours duquel les professionnels politiques se trouvent toujours maîtres du jeu. Ça n’était rien hélas ! Le samedi 16 septembre, ce monopole du jeu leur a été dépossédé au grand avantage des gardiens de la coutume.

Cette intrusion des tenants de la coutume dans les affaires politiques manifestement visible lors de cette réunion n’a pas manqué à soulever le sentiment du dégoût de la part de certains cadres comoriens de France. Ali, cadre supérieur, traduit ce sentiment d’évincement en ces termes :

« J’étais dégoûté, je voulais partir, c’est pourquoi je ne suis pas allé tenir la main au président. C’était quoi ça ? On avait l’impression d’être dans une ambiance coutumière, les cadres étaient invisible, presque évincés par les notables ».

Et Amdjad, jeune travailleur, de rajouter : «  Moi je croyais que Sambi allait donner la parole aux cadres comoriens, aux universitaires, au moins, pour qu’ils fassent un discours-rapport, montrer ce qu’ils sont capables d’apporter à la société dans tous les domaines ; et non de donner la parole à un notable qui ne propose rien que de lui demander une assurance de rapatriement, ou de transport de voyages. Ce sont de faux problèmes ». Ce jeune travailleur fait allusion aux propositions du président du conseil de Madjilis qui a prononcé le premier discours au « nom » de la diaspora comorienne.

Voilà climat qui régnait le 16 septembre au palis de congrès de Montreuil sur lequel la position de Sambi n’est pas loin du royaume de l’ancien président Ahmed Abdallah pendant lequel les notables étaient rois.

Après cette brève description physique, revient le temps d’analyse. Et c’est le tour de jeune étudiant, Katibou qui insiste sur le fait qu’ « on ne peut pas sauver les Comores sans avoir imposé le respect de la loi, de sorte qu’il n’y aurait pas certaines catégories qui se trouveraient au dessus d’elle et certaines en dessous d’elle ». En clair, Katibou prône un Etat fort capable de se faire respecter par les citoyens. Ce voeu est peut être indispensable car on ne peut pas instaurer une justice équitable sans réussir à incorporer dans l’esprit des citoyens le sentiment de confiance en l’Etat, et celui-ci ne pourrait atteindre ce but sans qu’il réussisse à faire en sorte que tout citoyen s’identifie à lui, et obéisse à ses lois au lieu d’obéir à une structure traditionnelle ou ancestrale qui ne fait qu’affaiblir l’image et le crédit de la république, ceux-là même qu’il a besoin pour imposer ses principes. C’est par une démocratie forte que l’Etat pourrait enfin retracer le destin de l’avenir commun, élargir son horizon de l’égalité de tous devant la loi, garantir la reconnaissance des mérites et de la liberté. Ce pari ne peut être relevé si l’on laisse un sous-Etat affaiblir l’Etat et dérégler le cadre classique de régulation politique et institutionnelle. Et pour l’heure Sambi n’est tout simplement confronté à un problème économique il est aussi engagé à un problème politique dont la force de l’Etat  et la survie de république en dépendent.

Ce qu’il a dit

Sambi réitère ses ambitions :

        d’établir  une justice équitable

        de réaliser une politique d’habitat

        de réduire la pauvreté

        il fera appel à des spécialistes étrangers pour mettre en lumière le dossier de détournement de fonds puisque les magistrats comoriens, sont en partie corrompus.

        Il appelle les magistrats  et économistes comoriens de France d’aller servir leur pays

        Des équipements de fabrication de briques sont déjà sur place

        L’Iran l’accorde trois bateaux de pêche

       

La Libye

, elle, va lui fournir 34 milles tonnes de goudrons et ainsi que le bateau de livraison

        Une foire industrielle sera organisée dans les mois à venir

Ce qu’il n’a pas dit :

- Le sort des magistrats corrompus n’est pas évoqué

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